LE MOT DU PSYCHIATRE DE L’ETABLISSEMENT

04/04/2024

Les personnes accueillies et accompagnées sur l’établissement d’Olmet y ont toutes été orientées par la MDPH dont elles ont obtenu la reconnaissance de leur handicap psychique.

Handicap qui est lié et restera lié pour la plupart de ces personnes à l’existence chez elles de deux grands types de troubles de la santé psychique :

Ou bien, une maladie psychotique chronique.
Ou bien la présence d’un fonctionnement relationnel particulier sans maladie mentale identifiée mais avec la présence de ce que l’on dénomme troubles de la personnalité. Ces troubles de la personnalité sont suffisamment sévères pour devenir la source de troubles du comportement qui gênent et entravent durablement l’adaptation sociale et professionnelle de ces personnes sans maladie psychotique.

Quant aux maladies psychotiques concernées, celles que l’on rencontre à Olmet sont essentiellement les psychoses schizophréniques et les psychoses dysthymiques.

Ce sont des maladies chroniques, c’est à dire qu’elles ne guérissent jamais (au même titre que d’autres maladies humaines telles que le diabète ou l’hypertension artérielle). Mais elles peuvent être heureusement contrôlées et stabilisées par un traitement médicamenteux antipsychotique. Contrôlées et stabilisées, ces maladies psychotiques posent (à mon avis), beaucoup moins de problème de prise en charge que les troubles du comportement des troubles de la personnalité.

D’autant plus qu’il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique des troubles de la personnalité. Les médicaments psychotropes qui seront néanmoins prescrits dans certains cas de troubles de la personnalité sans maladie psychotique ne servant qu’à atténuer l’éventuelle gravité du trouble du comportement. Mais l’amélioration de ces troubles du comportement ne peut être espérée que sur le long terme et à la suite d’un patient travail éducatif répétitif. Seul, ce travail éducatif d’accompagnement permettra d’améliorer le fonctionnement relationnel de ces personnes handicapées et permettra aussi de réduire voire de retirer l’appoint médicamenteux.

Ce qui ne sera jamais possible pour les maladies psychotiques stabilisées. Leur traitement médicamenteux ne devra jamais être interrompu sous peine de rechutes graves. D’où la nécessité d’accompagner la prise d’un traitement médicamenteux régulier, chaque jour.

Les personnes souffrant de maladies psychotiques ne peuvent être prises en charge dans notre établissement qu’en dehors des phases aigues de leur maladie. Elles n’entrent toujours dans notre établissement qu’après hospitalisation ou en venant d’une institution ou d’un domicile après avoir bénéficié d’une première prise en charge psychiatrique.

En effet, toute maladie psychotique est caractérisée par une succession de phases aiguës avec beaucoup de symptômes cliniques et de périodes d'accalmie plus ou moins longues où la maladie est dite stabilisée.

Les phases aiguës se reconnaissent par l’apparition de nouveaux symptômes ou par l’aggravation nette de symptômes pré-existants (angoisses, excitation ou à l’inverse dépression de l’humeur, délires, hallucinations).

 A noter que pendant les phases calmes de stabilisation, il peut persister quelques symptômes dits résiduels, peu ou pas gênants pour la prise en charge (légères angoisses, petites idées délirantes, mais en général pas d’hallucination).

 C’est en cas d’interruption intempestive du traitement ou de sa trop forte diminution que réapparaissent des poussées évolutives chargées de symptômes.

Les plus importants symptômes cliniques qui indiquent les rechutes d’une maladie psychotique sont pour une personne donnée en général toujours les mêmes (réapparition des mêmes thèmes délirants et des mêmes manifestations anxieuses ; réapparition des mêmes variations de l’humeur ; réapparition des mêmes sortes d’hallucinations).

Il faut alors soit augmenter le traitement afin d’éviter la ré hospitalisation de la personne malade, soit la faire rapidement hospitaliser s’il existe un risque suicidaire ou un risque d’autres actes auto ou hétéro-agressifs, ou encore un risque de fugue.

Enfin, on rencontre rarement à Olmet, des personnes handicapées uniquement par des troubles névrotiques, autre grande catégorie de troubles psychiques.

Bien que le terme névrotique ne soit plus en vogue actuellement (on parle plutôt de troubles émotionnels), on les rencontrera néanmoins dans certains cas de maladies psychotiques fortement stabilisées. Il s’agira alors de symptômes résiduels « pseudo-névrotiques » : phobies et/ou TOC qui signent la cicatrisation et l’enkystement de la maladie mentale. Ces phobies et ces TOC doivent être respectés et ne pas être combattus par le travail éducatif.

Jean-paul Blachon